Manager un proche ? 6 conseils pour que cela se passe bien !

Pierre Landy
Fondateur
@
AndCo Law
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Et, un beau jour : vous devez manager un proche ! Vous avez engagé un proche : un ami ou encore votre cousine, parce qu’il /elle correspondait parfaitement, exactement, au poste… Ou vous avez été promu et devenez, de fait, le boss du collègue avec qui vous partez en vacances et faites des battles de barbecues : un ami quoi ! Sur le papier, c’est absolument génial ! (Mais siii, on s’adore !) Dans les faits, ce n’est pas toujours simple à gérer. Manager un proche peut se révéler être un exercice périlleux et peut même avoir à terme des répercussions néfastes pour vous, votre proche, votre relation avec lui, votre job, votre équipe…

Comment éviter tous les écueils de la relation mêlant perso et pro ?  Comment ne pas être accusé de népotisme ? Comment passer entre les gouttes et éviter que la situation ne tourne au drame ? I’ve got your back ! Je tente de répondre à toutes ces questions et partage ici mes 6 conseils clés !

Au début, tout va bien… Évidemment oui ! A priori, travailler avec un proche, c’est une situation qui présente de multiples avantages parmi eux :

- On a une (très) bonne connaissance de ce collaborateur pas comme les autres : sa façon de fonctionner, sa personnalité, ses compétences…

- On est assuré de son soutien et de son engagement indéfectible (a priori, bien sûr),

- On partage une bonne (même ?) compréhension des enjeux. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’une entreprise familiale,

- La communication est hyper fluide (duh !).

- L’ambiance de travail est plus chaleureuse, voire on s’y sent comme en famille (…)

- Et a priori, la prise de décisions collectives est plus simple !

Bien entendu, on se promet l’un, l’autre, tout le meilleur : le respect mutuel, la maturité dans nos échanges, voire l’émulation positive.

A priori, donc, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes mais dans les faits, tout ne se passe pas toujours aussi bien… Il est parfois difficile d’éviter les malentendus, les désaccords, pire les vexations ou encore les jalousies au sein de son équipe…

Mes 6 conseils pour que l’expérience soit réussie :

1. Avant d’embaucher votre proche, pensez à lui, à vous, à votre équipe et à votre entreprise ! (Duh !)

Peut-être plus que pour toute autre embauche, mieux vaut bien réfléchir avant d’engager un proche ! Tout d’abord, bien (voire très bien) s’entendre dans la vie ne nous assure hélas pas de bien s’entendre dans le travail… Il n’y a qu’à voir ces couples amoureux à la ville et qui se déchirent dans le travail… Réfléchissez donc bien aux conséquences potentielles d’un tel recrutement pour votre relation. (Check !)

Mais pas seulement ! Est-ce véritablement la bonne personne pour le poste ? Qu’en est-il pour votre équipe ? Va-t-elle pouvoir bien s’entendre avec le reste de l’équipe ?  Plus que pour tout autre recrutement assurez-vous que votre proche coche bien toutes les cases du candidat idéal ! Cette « nouvelle personne » possède-t-elle bien les connaissances, les compétences requises et la bonne expérience pour le poste ?  Partage-t-elle bien des valeurs en adéquation avec celles de l’entreprise ? (Check ?)

2. Posez les bases de votre relation de travail : signez un « clear contract » dès le début :

L’idéal quand vous managez un proche serait de vous comporter avec lui comme avec n’importe quel autre de vos collaborateurs.  Aussi, comme pour chacun d’entre eux, commencez par vous présenter mais cette fois professionnellement ! On n’est pas nécessairement la même personne « à la ville » qu’au travail ! Et pour instaurer d’emblée de bonnes bases de travail et vous permettre de travailler dans un climat professionnel harmonieux, passez un clear contract !

Ainsi comme pour chacun de vos collaborateurs :

- Présentez-vous ! Présentez votre style de Leadership* : la façon dont vous travaillez ; comment bien communiquer avec vous au travail… Prenez le temps de bien expliquer votre rôle, le fonctionnement de l’entreprise et du service.

- Définissez les rôles et responsabilités de chacun. Rappelez ce que vous attendez de votre proche et ce qu’il/elle peut attendre de vous.

- Définissez vos attentes et fixez des objectifs (SMART/ Specific, Measurable, Attainable, Relevant and Time Based ) : spécifiques, mesurables, réalistes, pertinents avec une ou des deadlines… Pensez également à pointer les ressources à sa disposition (moyens, autres collaborateurs…) pour atteindre tels ou tels objectifs…

Les mentions supplémentaires s’il s’agit d’un proche :

- Privilégiez la discrétion. Définissez clairement la frontière entre vie privée et professionnelle ! C’est une chose de dire à ses collaborateurs que vous connaissez une personne avant qu’elle ne vous rejoigne. C’en est une autre de leur dire que vous êtes le parrain de sa petite dernière (Non ! Personne n’a envie de voir des photos de baptême !) ou encore de raconter vos soirées ensemble (juste avant la réunion hebdo, imaginer son boss SUR une table ? Vraiment pas nécessaire ! ).

- Définissez comment vous allez vous adresser l’un à l’autre. On évitera aussi, et à tout prix, au travail, les petits noms (pire les surnoms !) hérités de la vie perso.

3. Acceptez que « les choses » changent entre vous

On adorerait pouvoir dire pour rassurer l’autre, pour diminuer la dimension hiérarchique, que « rien ne changera entre nous ». La réalité est pourtant toute autre ! Au bureau en tout cas, et, en toute logique, la relation va changer !

En tant que manager, vous serez amené à prendre des décisions ou à adopter des comportements qui pourront parfois déplaire à votre proche… Aussi, vous mènerez des entretiens d’évaluation, attribuerez ou non bonus et augmentations…

Plus que d’espérer que rien ne change, vous pourriez exprimez votre intention de conserver une relation de qualité.

En l’espèce, faciliter la communication et les conditions d’un bon dialogue est la seule clé pour éviter les sources de conflits !

4. Prévenez votre équipe de la venue du proche ! Et pas de favoritisme (duh !)

Comme déjà évoqué précédemment, il serait idéal de vous comporter de la même façon avec chacun de vos collaborateurs ! Aussi, il est primordial que vous veilliez bien à porter la même attention à tous : pas de favoritisme !  Si vous acceptez le télétravail de votre proche (le mercredi ne peut vraiment pas être réservé au parent de votre filleule ! Même si c’est pour en faire un génie !), vous devez l’accepter pour tous les membres de l’équipe (même si vous n’étiez pas aux anniversaires de leurs enfants…) Certes, c’est plus facile à dire qu’à faire.

A contrario, faire comme si de rien n’était serait une grave erreur. Votre proche n’est pas non plus exactement un collaborateur comme un autre !  Vous devez prévenir votre équipe. Si vos collaborateurs s’en apercevaient sans que vous leur ayez dit, la confiance serait brisée entre vous. Autant jouer cartes sur table dès le début ! Soyez clairs ! Cela permet de dissiper les malentendus et les bruits de couloir.

5. Posez des limites et, en cas d’abus, communiquez !

Votre proche-nouveau-collaborateur se permet des commentaires déplacés concernant la team ? Il vous demande des passe-droits ? Il vous demande de partager avec lui des infos confidentielles concernant l’équipe ou la société ? (Allez ! A moi, tu peux bien le dire ?). Bref ! Son comportement n’est pas précisément le comportement « attendu » au sein de votre équipe… Une seule solution : il faut IMMÉDIATEMENT avoir une conversation !

Mon conseil ? Posez vos limites et rappelez votre style de *leadership : les choses à faire avec vous et, en l’occurrence, à ne pas faire avec vous ; ce que vous ferez pour l’équipe et ce que vous ne ferez pas. Rappelez les termes du « clear contract » que vous avez passé avec votre proche…

Attention, ne rien faire en cas de franchissement de vos limites reviendrait à valider un tel comportement… Vous accorderiez un traitement de faveur à votre proche vis-à-vis du reste de l’équipe. A vous d’en mesurer et d’en assumer les conséquences.

6. Quittez-vous tout aussi proches…

C’est la fin ! Du moins, de la relation au travail ! Votre proche quitte l’entreprise….

Que ce départ soit volontaire ou non, profitez de ce moment particulier pour avoir une conversation franche et ouverte avec votre proche sur les raisons de son départ, le pourquoi…

S’il s’agit de votre décision, vous aurez bien pris soin d’en parler en amont, d’exposer clairement vos raisons, d’écouter l’autre, de vous montrer ouvert au dialogue.

S’il s’agit de son initiative et qu’il dispose d’une superbe opportunité ailleurs voire qu’on lui propose son dream job dans une autre société. Surtout ! Ne le prenez pas pour vous ! Non ! A priori, il ne vous quitte pas vous, il quitte une entreprise… Il ne s’agit pas d’une trahison ni d’un théâtral coup de couteau dans le dos…

Communiquez ! C’est le secret de la relation réussie

Il y a de nombreux avantages à recruter un proche ! Plein même ! Il y aussi pas mal de points qui nécessitent de leur accorder la plus grande attention pour qu’une telle relation, un proche dans son équipe, réussisse ! Un recrutement des plus rigoureux, des objectifs, des attentes, des objectifs et des limites des plus clairs, une équipe bien prévenue (et surtout pas de favoritisme !), last but not least, le secret pour que le tout fonctionne : une communication positive, active et ouverte !