Soyons clairs, quand je vous propose de devenir un pro de la négociation salariale, j’entends, de votre salaire ! Parce que pour négocier des salaires ou défendre autrui, pas de souci ! En excellent juriste et/ou avocat, vous maîtrisez l’art du contrat à la perfection, vous êtes un virtuose de la plume, vous survolez l’art oratoire et pourtant quand il s’agit de défendre votre pomme, l’histoire peut se révéler parfois bien plus compliquée. Anyone ? Comment devenir un pro de la négo salariale ? Que ce soit parce que vous négociez pour votre nouveau job dans une nouvelle entreprise (how exciting !) ou en interne suite à une promotion, Lucky you (!), voici quelques clés pour préparer avec enthousiasme cet entretien crucial. Je partage avec vous les différentes étapes à ne pas manquer, les arguments à mettre en avant et les erreurs à éviter !
Petit exercice de visualisation : pensez en premier lieu à tout ce qui dans votre nouveau job pourrait générer des coûts supplémentaires.
- Vous travaillez à la maison, aurez-vous besoin de nouveau matériel, de nouveaux logiciels, de la chaise et du bureau de vos rêves…
- Vous déménagez ? Combien va vous coûter non seulement l’installation (souvent anticipée) mais aussi quel sera votre nouveau « coût de la vie » ? Quelles taxes devrez-vous payer ? (Imaginez-vous passant de Biarritz à Londres : le drame !). Faites ou demandez une comparaison « apples to apples ». En français dans le texte, cherchez un véritable outil de comparaison entre deux lieux, deux villes, sans mélanger des choux et des carottes.
- Quel sera votre nouveau temps de trajet ? Devrez-vous investir dans un vélo ou une voiture, prendre un abonnement de train ?
- Vous passez d’un job dans une toute jeune start up à un autre dans une banque d’affaires super corporate : votre tenue vestimentaire va devoir changer (Si, si!). Coût de l’investissement dans votre nouvelle garde-robe ? (Il ne s’agit pas d’en parler à l’entretien (…) mais d’anticiper pour vous le budget «chemises au repassage chaque semaine» (voire nouvelles chemises) versus «sweat-shirts à étendre»…)
Tous ces éléments doivent entrer en ligne de compte dans l’évaluation de votre nouveau salaire…
Pensez à tous les aspects de la partie financière et surtout n’hésitez pas à demander à ce que l’on clarifie pour vous tous les points nécessaires.
- Abandonnez-vous un bonus en prenant ce nouveau job ? Des stocks-options ? Des BSPCE ? Pouvez-vous vous les faire racheter ? Quelles conditions ?
- Abandonnez-vous la promesse d’une augmentation ou d’une promotion ?
- Un bonus ? Sympa ! Mais sous quelles conditions ? Quel timing pour le paiement ?
- Une augmentation de salaire ? Faites-vous préciser le process et la fréquence des augmentations.
- Quelles sont vos opportunités d’évoluer dans votre nouveau job ? Combien y a-t-il de niveaux hiérarchiques ?
- Bénéficiez-vous de l’actionnariat salarié ? Quid de la période de vesting (la durée minimale de présence dans la société pour bénéficier pleinement de ses stock-options) ? Quid de la possibilité de revente ?
- Bénéficiez-vous d’un intéressement ? Que propose votre nouvelle entreprise ?
- Quelles sont les modalités en matière de 35 heures, de Compte épargne temps ?
- Quel est votre objectif lors de cette négociation ? Le salaire ne fait pas tout. Réfléchissez aussi au job à proprement parler : ce que vous allez y faire, ce qui vous motive, ce qui peut booster votre profil et votre carrière voire ce qui va pouvoir se «revendre».
- Connaissez les salaires et les conditions du marché ! Renseignez-vous dans les revues spécialisées, auprès de vos pairs. Il ne s’agit pas d’avoir des exigences qui ne matchent pas avec le marché. Vous pouvez cependant choisir délibérément une approche un peu différente, négocier un moindre salaire mais plus de BSPCE, par exemple.
- Renseignez-vous sur la grille de salaire et les conditions de l’entreprise que vous rejoignez. Histoire de ne pas tomber complètement à côté de la plaque dans vos demandes.
- Last but not least (je le répète !) : sachez quand vous devrez dire « non » (vos éléments non négociables). Vous devez être capable d’assumer et donc de dire ce qui pour vous est un « deal breaker » si le cas se présente…
Négocier une augmentation surtout quand on ne vous la propose pas spontanément, ce n’est pas toujours une mince affaire… Mon conseil, préparez-vous ! Apprenez à connaître vos forces (duh!), ce que vous apportez à l’entreprise, ce que vous « valez » dans l’entreprise, sur le marché…
Vous êtes génial ? Prouvez-le !
- Connaissez (voire listez) toutes vos réussites.
- Listez les tâches que vous accomplissez : que ferait votre entreprise si vous ne le faisiez pas ? Faudrait-il engager une ou deux personnes pour faire votre job (vous couvrez deux régions) ? Quid du "knowledge" perdu, des coûts éventuels de recrutement ?
- L’exercice consiste ici à démontrer votre apport de valeur. Vous pouvez par exemple dire, « regardons cela d’un autre point de vue. Si je ne suis pas là, vous devez trouver quelqu’un pour faire ce job et assumer ces responsabilités, combien seriez-vous prêt à payer pour cela ? ». Vous voyez l’esprit !
- N’hésitez pas à préciser que vous ne souhaitez pas partir (who knows ?) mais souhaitez que votre boss regarde ce qui est fait (la masse de travail) et ce que VOUS faites.
Mon conseil ? Toujours avoir des études de salaires sous le coude ! Il y en a régulièrement : Juriste de la tech (étude annuelle FLIT Network), AFJE, Michael page, etc.
- Le petit + négo ! Commencez par montrer l’étude la moins «favorable» pour vous (mais pas trop tout de même !). Et surtout, si on vous rétorque : « c’est too much ! De plus, il ne s’agit que d’une seule étude », montrez deux ou trois autres études. « J’en ai justement d’autres qui montrent des écarts plus importants, » entre votre salaire et ce qu’il devrait être (Drop the mic !)
- Petit rappel en mode « cela va mieux en le disant » ! Ne mélangez pas salaire brut et net (i know !) et pour ce faire, soyez hyper explicites. Assurez-vous que vous parlez le même langage que la personne avec laquelle vous négociez.
- Attention aussi ! Anticipez : êtes-vous prêt à refuser ou non une promotion si ce que l’on vous propose en matière de rémunération est trop loin de vos attentes? Il n’est pas inutile d’envisager les conséquences potentielles d’un refus de votre part…
1. Faire du chantage ou se montrer agressif (et après ? On se parle comment à la machine à café ?),
2. Se comparer aux autres salariés (notamment si vous avez des informations confidentielles auxquelles vous avez eu accès du fait de votre fonction - niveau éthique, c’est zéro !),
3. Se montrer négatif ou sans conviction, cela pourrait se retourner contre vous,
4. Demander un montant démesuré (Étudiez votre marché, on vous dit !)
5. Exiger un montant sans permettre la négociation (cela ressemble beaucoup à un ultimatum : ce n’est pas toujours payant !)
Last but not least, n’hésitez pas à demander des informations à vos pairs quand il s’agit d’une négociation en interne et à vous faire accompagner par un chasseur de tête dans le cas d’un nouveau job… Audrey Deleris , anyone ?
Allez, go !